Évaluer la sécurité d’un CMS : les étapes essentielles avant de lancer votre site d’entreprise

31 juillet 2025

Les CMS : un terrain prisé par les cybercriminels

Gérer son site via un CMS (WordPress, Drupal, Joomla!, Prestashop, etc.), c’est aujourd’hui la norme : plus de 70% des sites dans le monde sont motorisés par un CMS (source : W3Techs, 2024). Mais cette popularité attire aussi les pirates. Les failles les plus courantes : exploitation d’extensions vulnérables, attaques par injection SQL, vols de données via formulaires non sécurisés.

Quelques chiffres clés :

  • Selon Sucuri, 94% des sites piratés en 2023 utilisaient WordPress (souvent à cause de plugins obsolètes ou mal configurés).
  • Le coût moyen d’une faille de sécurité sur un site PME en France est estimé à 41 000 € (source : IBM Cost of a Data Breach Report 2023).
  • Plus d’1 site sur 10 en Europe a subi une attaque majeure en 2023 (Source : CNIL, rapport annuel 2023).

L’enjeu : ne pas se contenter des promesses commerciales, mais adopter une grille d’audit précise, car la sécurité, c’est aussi votre crédibilité et celle de votre entreprise.

Un CMS sécurisé, ça se mesure comment ?

Aucun CMS n’est infaillible. Pourtant, certains sont mieux armés que d’autres grâce à leur architecture, leur écosystème, ou leur communauté. Plusieurs axes d’analyse permettent un choix raisonné et un diagnostic avant lancement :

Fréquence et réactivité des mises à jour

  • Fréquence des releases : un CMS dont le développement stagne devient rapidement vulnérable (WordPress reçoit en moyenne 8 mises à jour de sécurité par an, selon son site officiel).
  • Temps de réaction sur une faille publique : une actualité qui fait tache (ex : Drupalgeddon en 2018 a exposé des milliers de sites en seulement une semaine, source : The Hacker News).
  • L’existence d’une vraie politique de bug bounty ou de reporting des failles est un atout supplémentaire (cf. le programme HackerOne de Joomla ou le Security Team de Drupal).

Robustesse de la communauté et du support

  • La taille et la réactivité de la communauté. Un forum très actif, des tickets de sécurité rapidement traités, la présence d’une documentation officielle : tout cela aide à réduire les risques.
  • Un listing public des CVE (Common Vulnerabilities and Exposures) spécifiques au CMS (comparez sur cve.mitre.org ou sur cvedetails.com pour détecter les CMS les plus souvent touchés et comment ils réagissent).

Gestion des droits et des utilisateurs

  • Le CMS permet-il une gestion fine des rôles et permissions ? (Ex : Drupal propose un contrôle granulaire par défaut.)
  • La gestion native du MFA ou l’existence d’extensions officielles pour l’ajouter.
  • La capacité à limiter, journaliser et auditer les connexions utilisateurs.

Écosystème des extensions et plugins

  • Vérifier la réputation, la fréquence de mise à jour et la maturité des plugins/ modules installés.
  • WordPress compte plus de 60 000 plugins, mais selon WPScan, 52% des failles recensées concernent des plugins tiers !
  • Analysez si le CMS propose une validation “officielle” des extensions (cf. PrestaShop Addons ou le Drupal Module Security Advisory Policy).

Sensibilité à l’obsolescence et capacité de monitoring

  • Les CMS qui forcent la mise à jour automatique : gain de sécurité, mais attention à la compatibilité.
  • Intégration de logs, d’alertes et d’outils de surveillance de la sécurité (malheureusement, de nombreux CMS laissent ce volet à la charge de l’administrateur).

Avant le lancement : votre check-list sécurité du CMS

Pour objectiver votre audit, voici une check-list actionnable à appliquer à votre projet :

  1. Évaluez la version installée du CMS : bannir toute version obsolète – Visez la dernière version stable et supportée.
  2. Vérifiez les plugins et thèmes installés : désinstallez ce qui n’est pas utilisé et ne multipliez pas les plugins non nécessaires.
  3. Scannez votre installation via des outils comme WPScan, Nessus, ou SiteCheck de Sucuri.
  4. Activez le HTTPS et forcez les connexions sécurisées.
  5. Renforcez les mots de passe (exigez du fort, activez si possible le MFA/2FA pour les comptes admins).
  6. Contrôlez la visibilité des fichiers critiques (évitez l’affichage public de configuration, version, README dans le dossier racine).
  7. Mettez en place des sauvegardes automatiques, stockées hors serveur de production.
  8. Testez l’isolation de l’administration (IP whitelisting, URL d’admin personnalisée, limitation des tentatives).
  9. Déployez un WAF (Web Application Firewall) pour stopper les attaques les plus courantes.
  10. Préparez un plan de gestion de crise : qui fait quoi en cas de compromission ?

Identifier les failles dans les plugins/extensions : le chaînon faible

Beaucoup d’incidents de sécurité ne viennent pas du cœur du CMS, mais d’extensions tierces. Un exemple marquant : en mars 2024, une vulnérabilité critique du plugin LiteSpeed Cache (5 millions de sites concernés) a provoqué des exfiltrations de données de session (Source : Wordfence). La bonne marche :

  • Limiter le nombre de plugins installés : c’est mathématique, chaque extension augmente la surface d’attaque.
  • Vérifier l’auteur, le nombre de téléchargements et les derniers retours sur vulnérabilité avant chaque ajout.
  • Privilégier les extensions avec suivi long terme, équipe identifiée, changelog accessible.
  • Optimisez le monitoring (outil comme WPScan pour WordPress, ou Security Review pour Drupal).

Veille et anticipation : la sécurité, une démarche continue

Auditer la sécurité d’un CMS n’est pas un one-shot. Il faut se tenir prêt à anticiper les failles émergentes :

  • Programmez des audits : une revue mensuelle des comptes, plugins, logs d’accès, mises à niveau.
  • Souscrivez aux alertes de sécurité de votre CMS et suivez les CERT nationaux (ANSSI, CERT-FR).
  • Formez les utilisateurs : la plupart des compromissions passent par une erreur humaine ou un mot de passe faible.
  • N’hésitez pas à simuler un incident pour tester vos capacités de réaction (exercice de type “table top” ou via un pentest ciblé).

Miser sur la conformité et les standards du marché

Un CMS moderne intègre nativement ou via extensions des dispositifs pour répondre aux exigences réglementaires (RGPD, hébergement en Europe, gestion fine des logs, anonymisation des IP). Cet aspect est de plus en plus scruté par les clients et donc par les cybercriminels qui cherchent des failles dans la gouvernance de la donnée (CNIL).

Un conseil de pro : n’hésitez pas à vérifier si le CMS suit les recommandations de l’OWASP Top 10 (source : OWASP), qui dresse la liste des vulnérabilités web les plus courantes. Un CMS mature aura ajusté ses process pour limiter l’injection, la mauvaise gestion des sessions, ou l’exposition des données sensibles.

Le point clé : l’alliance entre technique et gouvernance

Évaluer la sécurité d’un CMS avant le lancement d’un site d’entreprise, c’est un arbitrage entre robustesse technique, capacité de veille, et gestion humaine des risques. Plus de 80% des attaques réussies exploitent une erreur de configuration ou une mauvaise hygiène numérique, plus que des failles “zéro day” (source : ISITWP 2024).

En gardant une démarche de contrôle continu, en évitant la multiplication de plugins non maîtrisés et en impliquant toute l’équipe (technique, contenu, dirigeants), vous garderez la maîtrise sur cet enjeu stratégique. Rappelez-vous : la sécurité n’est jamais “acquise”, mais c’est un gage de pérennité et d’attractivité pour toute entreprise qui s’appuie sur le digital.

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