Avec un CMS hébergé, l’hébergeur (Shopify, Wix, Webflow, Squarespace…) prend en charge l’infrastructure technique : serveurs, maintenance, mises à jour, sécurité… L’utilisateur crée un compte, personnalise son site grâce à des éditeurs visuels et bénéficie de fonctionnalités packagées. En quelques heures, un site fonctionnel peut être mis en ligne, sans jamais “toucher” au code ni se préoccuper de l’hébergement.
Dans le cas d’un CMS open source à installer (WordPress.org, Joomla, Drupal…), l’entrepreneur télécharge le logiciel gratuitement, choisit un hébergeur, installe et configure le tout, puis gère lui-même la maintenance. Le code est accessible, personnalisable à volonté, et il est possible d’utiliser (ou de développer) n’importe quelle fonctionnalité compatible.
Un CMS hébergé cible le maximum d’autonomie pour l’utilisateur final — interface intuitive, éditeur glisser-déposer, support immédiat. Selon BuiltWith, Wix et Shopify sont les CMS e-commerce ayant la plus forte croissance en 2022 chez les indépendants (BuiltWith). L’accompagnement est fort, idéal pour lancer rapidement sans connaissances techniques. À l’inverse, un CMS à installer soi-même demande un minimum de familiarité avec le web : FTP, bases de données, mises à jour, gestion des plugins… L’apprentissage est plus long mais ouvre une voie vers plus de maîtrise.
La modularité reste l’un des principaux atouts des CMS open source. WordPress, par exemple, propose plus de 60 000 plugins et 10 000 thèmes répertoriés sur son dépôt officiel (données WordPress.org, juin 2024). Cette richesse autorise quasi tout type de projet : blog, e-commerce complexe, plateforme de formation, etc. Shopify, Wix, Squarespace proposent eux aussi des “app stores”, mais la personnalisation avancée reste bornée à ce qui est compatible avec l’écosystème de la plateforme. Le code n’est pas accessible ou très limité : pour des besoins très spécifiques ou des connexions à des outils métiers, les CMS à installer font la différence.
Le coût d’un CMS hébergé est prévisible : abonnement mensuel, frais éventuels sur certaines transactions (pour l’e-commerce, par exemple sur Shopify : 2% de commission hors Shopify Payments), options facturées (apps premium, stockage additionnel…). Les CMS open source sont “gratuits”, mais nécessitent un budget pour l’hébergement, le nom de domaine, parfois des plugins/thèmes premium, la sécurité, les sauvegardes. En cas de recours à un prestataire, le coût technique est à anticiper.
| Type de coût | CMS hébergé | CMS à installer |
|---|---|---|
| Abonnement | Oui (de 10€ à 100€/mois selon usages) | Non |
| Hébergement | Inclus | À acheter séparément (2 à 20€/mois pour une base solide) |
| Fonctionnalités premium | Surcoût par app/thème | Plugins/thèmes, parfois gratuits, parfois premium (de 0 à 300€/an selon besoins) |
| Maintenance | Incluse | À gérer ou sous-traiter |
| Commissions sur vente | Présentes sur certaines solutions (Shopify, Wix…) | Généralement aucune |
La gestion de la sécurité diffère profondément entre les deux modèles. Selon le rapport annuel de Sucuri, 94% des sites piratés en 2023 utilisaient un CMS open source mal entretenu, principalement WordPress (Sucuri, 2023). Les CMS hébergés disséminent automatiquement tous les correctifs nécessaires, éliminant la plupart des risques liés aux failles logicielles ou à un oubli de l’entrepreneur.
Du côté de l’évolutivité, les CMS open source n’ont pas de plafond technique sauf celui de son infrastructure d’accueil. D’importants sites médias, e-commerce, portails de e-learning, utilisent WordPress ou Drupal à très grande échelle. Les plateformes en SaaS sont parfois mieux adaptées à certaines montées en charge ponctuelles (ex. pics de visites), mais peuvent montrer leurs limites pour des architectures ultra-complexes ou des besoins métiers très pointus.
Un enjeu clé rarement anticipé par les créateurs de sites : la réversibilité. Les CMS hébergés verrouillent le site sur leur infrastructure. Exporter l’ensemble des contenus, médias, templates, base de données et fonctionnalités pour “migrer” vers une autre plateforme est souvent compliqué, voire impossible. Selon une étude menée en 2023 par WPBeginner, la migration d’un site WordPress.com à WordPress.org est 10x plus simple et rapide que celle depuis Wix ou Shopify (cf. WPBeginner).
Les CMS hébergés ne cessent de gagner du terrain, investissant même des marchés traditionnellement occupés par l’open source. L’essor du “no code” a permis de démocratiser la création web, mais pose de nouveaux défis sur la maîtrise de ses datas et la souveraineté numérique. Des entreprises et indépendants, sensibilisés par des enjeux RGPD, cherchent à reprendre la main sur leurs fichiers et données en optant, quand la maturité le permet, pour des solutions auto-hébergées.
Un autre point-clé : la rapidité d’innovation. Les CMS en SaaS intègrent très vite les nouveautés (exemple : IA pour générer du contenu, optimisation mobile native, PWA…) grâce à des équipes toujours mobilisées, alors que sur les solutions auto-hébergées les évolutions peuvent nécessiter des développements ou des arbitrages communautaires.
À l’opposé, l’open source attire par sa transparence, son interopérabilité et la culture du partage, qui séduit particulièrement les startups technologiques et makers. En 2024, WordPress propulse 43% de tous les sites web dans le monde (W3Techs, juin 2024), à égalité avec des millions de tout petits sites personnels et des plateformes d’envergure internationale.
Avant de choisir, il est fondamental de se projeter sur l’évolution de son projet : budget technique, besoins fonctionnels futurs, indépendance désirée, niveau de personnalisation, degré d’implication possible dans la maintenance, support attendu. Quelques recommandations pratiques :
L’expérience prouve que le succès d’un projet web ne tient pas au CMS utilisé, mais à la capacité de l’entrepreneur à maîtriser, faire évoluer et s’approprier la solution choisie. Plutôt qu’un choix figé, il s’agit d’arbitrer selon son contexte, son horizon et les ressources dont on dispose. Les tendances et innovations du digital continueront d’influencer ces modèles, et un entrepreneur avisé saura ajuster sa stratégie au fil du temps pour rester compétitif et performant.