Sécurité : Les critères clés à examiner avant de choisir un hébergeur web en 2025

17 septembre 2025

Les certifications de sécurité : une base mais pas une garantie absolue

L’un des premiers réflexes à adopter consiste à consulter les certifications de sécurité dont dispose l’hébergeur. Parmi les plus courantes et crédibles :

  • ISO/IEC 27001 : norme internationale sur les systèmes de management de la sécurité de l’information. Un fournisseur certifié indique une démarche sérieuse, des audits réguliers et une politique structurée (source : ISO).
  • Hébergement de Données de Santé (HDS) : incontournable si vous traitez des données médicales en France ou en Europe. Les hébergeurs HDS répondent à des critères particulièrement stricts.
  • SOC 1 / SOC 2 / SOC 3 : rapports d’audit élaborés selon les standards américains, utiles surtout pour des acteurs globaux ou ayant des clients internationaux.

Attention cependant : si ces certifications témoignent d’un certain niveau de maturité en matière de sécurité, elles ne suffisent pas à tout vérifier. Leur présence réduit le risque, mais ne doit pas remplacer une analyse concrète des pratiques du prestataire.

Infrastructure physique : localisation, redondance, résilience

La sécurité commence par les fondations physiques de l’hébergement. Les points clés à inspecter :

  • Localisation des datacenters : Le lieu où sont stockées vos données détermine non seulement la latence, mais aussi la réglementation applicable (RGPD, Cloud Act pour les USA, etc.). Demandez systématiquement dans quel pays et, si possible, dans quelle ville vos données seront hébergées.
  • Protection physique : Sécurité des bâtiments (vidéosurveillance, contrôle d’accès biométrique, gardiennage 24/7), présence de systèmes anti-incendie, détection d’intrusion. Selon l’ANSSI, plus de 25 % des incidents sur les infrastructures critiques en France sont liés à des défaillances physiques (source : ANSSI, rapport 2023).
  • Redondance et plans de reprise : Demandez si l’hébergeur dispose de datacenters en miroir, d’alimentations électriques doubles, de sauvegardes géographiquement séparées et de plans détaillés de reprise d’activité.

Cybersécurité active : firewall, anti-DDoS, surveillance en temps réel

Les menaces ne connaissent pas d’horaires. Un hébergeur sérieux doit prouver qu’il protège activement les ressources de ses clients :

  • Pare-feu d’application (WAF) : Les Web Application Firewalls analysent et bloquent automatiquement les requêtes suspectes. Selon Akamai, 60 % des attaques web en 2023 ont ciblé la couche applicative (source : Akamai).
  • Protection anti-DDoS : Certains hébergeurs incluent par défaut des solutions d’atténuation automatique contre les attaques par déni de service, qui ont encore augmenté de 20 % en volume en 2024 (source : Cloudflare).
  • Surveillance 24/7 et SOC (Security Operations Center) : L’idéal : une équipe dédiée qui détecte et réagit immédiatement aux incidents. Privilégier les hébergeurs qui publient des rapports annuels de sécurité et des indicateurs de temps de réaction.

Gestion des accès et sécurité des comptes

L’humain restant le maillon faible de la cybersécurité, la gestion des comptes est cruciale :

  • Authentification forte (MFA/2FA) : La double authentification doit être proposée pour tous les accès au back-office. Selon Verizon, 82 % des brèches en 2024 reposaient sur des issues d’identifiants failles ou volés (source : Verizon DBIR 2024).
  • Gestion granulaire des droits : L’hébergeur doit permettre une gestion fine des accès et rôles (administrateur, éditeur, consultant, etc.), avec journalisation des actions critiques (log d’audit consultable).
  • Sécurisation des API : Si vous interférez avec l’hébergeur via des APIs (déploiement automatique, monitoring, etc.), exigez des mécanismes d’authentification robustes et une documentation transparente sur les limitations et alertes en cas d’utilisation suspecte.

Protection des données et conformité réglementaire

L’encadrement réglementaire continue de se durcir. Le RGPD reste la référence en Europe, mais d’autres textes s’ajoutent, notamment autour du cloud souverain ou de la portabilité des données :

  • Chiffrement des données au repos et en transit : Cela doit être la norme, avec des protocoles reconnus (TLS 1.3 minimum en transit, AES-256 recommandé au repos). Interrogez le prestataire sur la gestion des clés de chiffrement : où sont-elles stockées, qui y a accès, y a-t-il un module HSM (Hardware Security Module) ?
  • Politiques de sauvegarde et de restauration : Demandez des détails : fréquence des sauvegardes, conservation, test de restauration, accessibilité des snapshots. Beaucoup de PME réalisent qu’elles ne peuvent pas restaurer l’intégralité de leur données après un incident… seulement lors du jour J.
  • Droits d’accès, d’effacement, de portabilité : L’hébergeur doit respecter la portabilité et le droit à l’effacement des données sur simple demande, avec des procédures tracées. Certains acteurs, comme Scaleway, ont mis en avant ces fonctionnalités en réponse à la pression réglementaire accrue en 2024.

Mise à jour, patch management et gestion des vulnérabilités

Les systèmes non maintenus sont l’une des portes d’entrée favorites des attaquants. Interrogez sur :

  • Politique de mises à jour : Fréquence, automatisation, rapidité de déploiement en cas de faille (notamment pour les failles critiques signalées par la CISA).
  • Processus de gestion de vulnérabilités : L’hébergeur publie-t-il un bulletin de sécurité ? Y a-t-il une politique de divulgation responsable ? (Bug Bounty, etc.)
  • Responsabilité partagée : Sachez précisément où s’arrête la responsabilité de l’hébergeur au regard de vos propres applications : la plupart ne patchent que l’infrastructure (OS, middleware), mais pas votre CMS ou vos plugins.

Transparence et auditabilité

Un prestataire fiable joue la carte de la transparence, car la confiance se construit sur la capacité à prouver ses engagements :

  • Contrat clair sur la sécurité : Existence d’un SLA détaillé avec engagement chiffré sur la disponibilité, la sécurité, les délais de réaction et les pénalités applicables.
  • Rapports d’audit : Possibilité d’obtenir des rapports d’audit annuels menés par des tiers indépendants (Big Four, sociétés spécialisées).
  • Communication en cas d’incident : L’hébergeur s’engage-t-il à informer rapidement ses clients en cas d’incident de sécurité ? Selon le RGPD, la notification doit intervenir sous 72h : certains hébergeurs (ex : Infomaniak) vont bien au-delà, proposant des interfaces temps réel sur la sécurité du compte.

Critères avancés et bonnes pratiques émergentes en 2025

  • Protection contre les deepfakes et l’automatisation IA : Des hébergeurs commencent à intégrer des solutions pour identifier les tentatives de fraude automatisée par IA (source : Gartner, tendances cybersécurité 2024).
  • Données éphémères / systèmes immutables : Hébergement « immutable » (infrastructure où les changements ne peuvent être opérés que par redéploiement total) : idéal pour bloquer les compromissions persistantes. Cette approche, d’abord limitée au cloud, se généralise chez plusieurs hébergeurs européens en 2025.
  • Zéro Trust : Les meilleurs hébergeurs mettent en place une architecture "Zero Trust" : vérification systématique de chaque accès indépendant du réseau interne, segmentation forte. Cette approche devient un vrai critère de sélection pour les grandes entreprises et les ESN.

Réflexes clés et questions à poser lors du choix d’un hébergeur en 2025

  • Quelles sont vos certifications de sécurité, et sont-elles à jour ?
  • Où sont localisés vos datacenters ? Quelles lois encadrent effectivement la protection des données ?
  • Comment gérez-vous les sauvegardes et les restaurations de données ? Y a-t-il déjà eu des cas concrets où vous avez dû restaurer à grande échelle ?
  • Disposez-vous d’un SOC, et comment communiquez-vous avec vos clients en cas d’incident ?
  • Quelles solutions d’anti-DDoS et d’authentification forte proposez-vous ?
  • Puis-je consulter vos derniers rapports d’audit indépendants ?
  • Proposez-vous un modèle de responsabilité partagée clair concernant la sécurité des applications hébergées ?
  • Comment intégrez-vous les nouveaux enjeux autour de l’IA et du deepfake dans votre politique de sécurité ?

Perspectives : l’hébergement web, un enjeu à (ré)évaluer régulièrement

Sélectionner un hébergeur web en 2025 ne sera plus un choix figé : la montée des menaces, l’évolution rapide des technologies (cloud souverain, lutte contre les IA malicieuses…) et l’accélération des exigences réglementaires imposent une veille constante et une évaluation régulière de votre prestataire. Les critères de sécurité doivent faire partie intégrante de vos audits annuels, et non d’un simple choix de départ. Un bon hébergeur, c’est avant tout un partenaire qui s’engage à rendre visibles, auditées et évolutives ses pratiques de protection. La maturité de leur démarche sécurité sera souvent le meilleur reflet de la confiance que vous pouvez accorder — et une vraie assurance sur la résilience de votre projet web.

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